Le Retour
Quand le créateur a conçu l'humanité, il a semé sur Terre des couples d'amoureux, entités jumelles complètes dont l'harmonie était parfaite.
L'existence étant de courte durée, ces couples exemplaires ont été séparés par l'échéance de la mort et les deux moitiés esseulées n'ont eu de cesse que de se retrouver pour rétablir l'unité intacte.
L'amour triomphant est plus fort que tout, que le temps qui passe, que la mort même.
Hugo et Joséphine se sont aimés dans une autre vie et chancun cherche obstinément à retrouver la moitié manquante de leur couple, à travers l'espace et le temps.
Comment feront-ils pour se rejoindre, envers et contre tout, dans le vaste Univers ?
Il leur reste encore tellement de choses à faire ensemble, Jo la féministe engagée pour la cause des femmes battues et Hugo l'avocat défenseur des opprimés !
Les chapitres
Le Coma
Un mort en sursis,
un corps qui a l'air vide, déserté.
Quelle âme peut alors y trouver refuge ?
... « Puisque je suis ici se dit-elle, et que je n'ai rien à faire, autant que je serve à quelque chose. Je peux être là simplement, le coeur plein de compassion, pour cet inconnu que personne ne vient jamais voir. »
Un doux silence les enveloppe tous deux dans une mystérieuse connivence ....
... « Ma Joséphine chérie, je te regarde valser dans ta robe aérienne, à travers mes paupières closes. Tu n'as pas rêvé tu sais, tu commences à te souvenir mais tu ne comprends pas encore ce qui t'arrive.
Oui reste avec moi. A force de me côtoyer, la lumière se fera dans ton esprit.
Bientôt tu ressentiras comme moi la morsure du manque, l'absence, tu me reconnaîtras et on se rejoindra une fois encore ...
... « Je sais que c'est extravagant Hugo, mais j'ai rencontré en rêve, la pionnière du féminisme !
Au cours d'une soirée à la Comédie Française, j'assistais à une pièce bouleversante à la gloire des idées révolutionnaires.
C'était Talma qui assumait le rôle principal et mon idole était là. Elle qui écrivait des textes politiques et sociaux revendiquant le droit au respect des minorités méprisées, les noirs, les esclaves et les femmes, j'ai réussi à lui parler et lui confier mon désir ardent d'écrire comme elle ...
Le Réveil
La Terreur régnait sur toute la France.
A Paris, la grande faucheuse ne chômait pas et les têtes tombaient à foison sur la place de Grève
... Emportée par ton élan généreux tu cherchais à te précipiter au secours de ton amie très chère qu'on conduisait fermement au pied de l'échafaud pour exécuter cette noble femme qui avait osé vilipender le sinistre Robespierre. Accablée, les cheveux tranchés découvrant son cou blanc et vulnérable, elle montait dignement les quelques marches de son destin et toi, tu allais prononcer des paroles fatales ...
... Croyait-elle qu'il allait se dresser d'un coup comme Lazare surgissant de son tombeau ?
Cela ne se passe pas ainsi, ce serait trop beau.
Elle doit se calmer. Modérer son impatience. Se convaincre que reprendre conscience est une opération périlleuse. Qu'il faut attendre que les membres soient prêts à exécuter les directives de l'esprit qui l'anime et que ce dernier sache comment s'y prendre aux commandes d'un corps assoupi. ...
... Tous les automatismes acquis pendant l'enfance, qui permettent de se déplacer, marcher, courir, sont perdus. Porter une cuillère à la bouche, déglutir, on ne sait plus comment faire après un coma prolongé. Même parler nécessite une rééducation ! ...
La Nouvelle Vie
Les amants réunis,
deux corps n'en forment plus qu'un
et leurs âmes sont soudées à jamais
... Hugo pose ses lèvres sur les yeux inquiets de Joséphine. Les mains sur ses épaules font glisser les bretelles de sa robe d'été.
Il l'épluche comme un fruit savoureux et nue, la couche sur le lit blanc.
De ses lèvres amoureuses il la déguste et tout doucement, l'emmène au septième ciel ...
... Stéphane était fréquemment envahi par des pulsions de rage qu'il n'arrivait pas à contrôler. Dans ces moments d'intense fureur cet homme battait sa femme, la charmante Céline. A la moindre contrariété qu'elle provoquait, et malgré l'amour sincère qu'il lui portait, Stéphane était pris du désir irrépressible de fustiger ses bévues et de la corriger à coup de raclées et d'insultes ...
... La première gifle !
Je l'ai prise en pleine figure. Elle m'a fait valdinguer contre la table sur laquelle je me suis écroulée. J'étais sonnée, ahurie, effarée.
Je n'avais rien vu venir ...
... « Madame Lalande a reconnu avoir donné la mort à son mari avec un projectile qu'elle a précipité sur lui.
Il était en train de l'étrangler avec la ferme intention de la tuer.
Cette femme n'avait pas le choix, ni surtout le temps d'envisager les diverses options qui s'offraient à elle. C'était lui ou elle qui mourait.
... Elle sait qu'il ira jusqu'au bout.
Il le lui suffisamment prédit. Pendant dix années, il l'a terrorisée et copieusement tabassée. C'est un être tout-puissant qui a totalement barre sur elle, qui l'a privée de tout soutien et qui l'a convaincue de sa propre culpabilité. En un mot il l'a démolie méthodiquement ...
La Mission
Le temps entraîne les amants dans une spirale de vie toujours recommencée.
L'heure tourne mais l'amour dure toujours
... édifier une demeure confortable, un nid de secours bien clos pouvant abriter quelques familles dans la détresse, des femmes battues qu'il faut cacher pour qu'elles échappent aux recherches de leur mari, avec les enfants qui doivent, eux aussi, rester invisibles. Le refuge s'appellera l'Olympe, le séjour des dieux ...
... Hugo n'a pas voulu fait carrière dans la magistrature judiciaire. Il poursuit sa pratique d'avocat privé. Procédant à la technique des vases communicants, il défend au tribunal ses riches clients souvent malhonnêtes et qui ne le méritent pas, ainsi que les victimes d'injustice démunies de revenus.
Un peu comme Robin des Bois ! ...
... Joséphine écrit.
Elle prétend que c’est Olympe, son égérie, qui l’investit à cette heure matinale et sa tablette diligente prend note alors de ses précieuses divagations ...
... Tu as raison Céline, de te préoccuper davantage de nos enfants, rétorque Joséphine. Ils souffrent beaucoup plus qu'on ne l'imagine de la misère de leur mère et des violences injustifiées de leur père dont ils ont eu parfois à pâtir eux-mêmes. Ils vont refouler toutes les horreurs auxquelles ils ont assisté mais qui laisseront des traces indélébiles dans leurs vies car les traumatismes occultés fermentent si on n'y prend pas garde ...
... A l'issue de la vieillesse, tu parles de mort avec effroi, mais ça n'existe pas, la mort. C'est juste une autre vie qui commence. Il n'y a rien à craindre et on ne se quittera jamais. Où que tu ailles je t'épouserai à nouveau ...
Les thèmes de cette histoire
La fin du royaume de France
En mai 1789, Louis XVI qui a des difficultés financières, est amené à convoquer les "Etats généraux", clergé, noblesse et tiers état.
Sous l'influence des philosophes du siècle des Lumières, qui avaient développé les idées d'égalité et de liberté face aux contraintes du pouvoir royal absolu, les députés réunis en juin s'autoproclament "Assemblée nationale" et imposent au souverain une Constitution qui limite ses pouvoirs.
Le refus de l'autorité royal s'emballe et le 14 juillet, un vent de liberté agite le peuple de Paris qui prend d'assaut la Bastille, symbole du pouvoir monarchique. Les députés votent la "déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen" un mois plus tard.
Le 5 octobre, une foule en colère envahit Versailles que le roi avec sa suite est obligé de quitter, assigné à résidence aux Tuileries à Paris. Dès lors, c'est "l'assemblée constituante" qui gouverne et le roi n'a plus grand-chose à dire.
L'Histoire est en marche lorsqu'un an et demi plus tard, la famille royale va tenter de s'enfuir pour rejoindre des partisans, mais ils sont reconnus et arrêtés à Varennes et ramenés à Paris.
Une nouvelle flambée de violence éclate le 10 août 1992 et la foule envahit les Tuileries. Le Roi, la Reine et les enfants royaux sont enfermés dans la sinistre prison du Temple.
Le 22 septembre, la Convention proclame l'abolition de la monarchie et la naissance de la République. Deux clans politiques se partagent alors le pouvoir, les Girondins modérés et les Montagnards, menés par Robespierre, Danton, Saint-Just et Marat, qui prennent des mesures radicales et mettent le Roi en accusation. Louis XVI est guillotiné le 21 janvier 1793 inaugurant la Terreur durant laquelle le "Comité de Salut public" fera guillotiner plus de 20 000 victimes jusqu'à l'exécution de Robespierre lui-même, le 9 thermidor de l'an 2 (fin juillet 94).
Au sortir de la Terreur, dans l'euphorie de la sécurité, la fureur de vivre empoigne Paris qui s'adonne aux plaisirs. Ce ne sont plus que bals et concerts dans les hôtels particuliers et sur la promenade publique où la jeunesse dorée déambule, les incroyables
et les merveilleuses, accoutrés de manière extravagante. (voir site vivreparis.fr)
Fin 1995 un nouveau régime est mis en place, le Directoire qui gouvernera la France jusqu'à fin novembre 1799 où Napoléon Bonaparte établit le Consulat inaugurant son propre règne.
Le féminisme et ses passions
Olympe de Gouges et Germaine de Staël.
Femmes d'exception, elles vécurent durant le siècle des Lumières et furent marquées par les idées nouvelles de liberté et d'égalité. Ces intellectuelles fréquentaient des hommes de lettres et des philosophes et s'engagèrent dans la défense des droits des femmes, par le biais de la littérature.
Olympe est considérée comme la pionnière du féminisme.
A Paris de 1770 à 1793, elle milita contre l'esclavage des Noirs et produisit nombre d'écrits en faveur des droits civils et politiques des femmes. C'est principalement par le théâtre qu'elle fit connaître ses opinions.
Au nom de la liberté, elle dénonça les atteintes aux principes démocratiques dont se rendaient coupables les meneurs de la Convention. Ses pamphlets contre Robespierre lui valurent d'être inculpée par le tribunal révolutionnaire et de périr sur l'échafaud.
Germanie de Staël, fille de Necker ministre des Finances de Louis XVI, a elle aussi été imprégnée de l'esprit des philosophes de son siècle.
Par ses essais littéraires favorables aux idéaux qu'elle défendait, elle fut considérée comme importune par les maîtres de la Révolution et dut se réfugier à Coppet en Suisse pour échapper à la sanguinaire guillotine.
Napoléon confirma cet exil, obligeant la romancière à poursuivre ses actions civilisatrices en exil.